Les descriptions morales et physiques à la québécoise

Voici le troisième article écrit par Martine Verreault, professeure de français à AFSL Pro au Québec : elle nous explique les descriptions morales et physiques en français québécois.

Certains termes propres au français québécois permettent de décrire une personne en un ou deux mots. Mais encore faut-il les connaître pour les comprendre. En voici donc quelques-uns…

Un flo ou une floune, c’est un gamin, une gamine, tout comme un Ti-cul, terme qui peut aussi s’employer pour un homme de petite taille.

Avoir un coco, c’est être chauve.

Si on vous dit d’une personne que c’est une pièce, pensez à quelqu’un de grand et de costaud, probablement doté d’une grande force physique. À l’inverse, le terme fausse-couche s’applique à l’avorton.

Une (grosse) toutoune, c’est une femme qui fait de l’embonpoint ou qui est franchement obèse. À ne pas confondre avec la poupoune, qui est une jeune femme très, voire trop, pomponnée.

Un (méchant) pétard est une personne – homme ou femme – d’une grande beauté. Bref, il s’agit d’un canon, d’une bombe.

Une bonne fourchette, c’est celui ou celle que la nature a doté d’un solide appétit.

Le Jos Connaissant ou Ti-Jos Connaissant, c’est quelqu’un qui prétend tout connaître et qui, comptant sur une science habituellement infuse, peut parfois jouer les apprentis-sorciers. Il est également possible de qualifier une telle personne de grand talent, ce qui revient strictement au même.

Tout aussi imbu de lui-même, le Frais-chié ou Péteux de broue préfère quant à lui se faire remarquer. C’est d’abord et avant tout un m’as-tu-vu qui ne voudrait pour rien au monde passer pour … un habitant. L’habitant, c’est l’antithèse du mondain évoluant dans les milieux branchés. Il faut savoir qu’au Québec, habitant signifie paysan. Utilisé péjorativement, ce mot signifie plouc, cul-terreux.

Le quétaine (ou kétaine) est ringard, kitsch, de mauvais goût ou simplement démodé.

Le sans-génie n’est pas toujours stupide. Il peut même être intelligent. Toutefois, il manque dramatiquement de jugement et de bon sens et prend de très mauvaises décisions.

Le Ti-Clin, c’est un homme sans envergure ni importance, tout comme les (petits) mononcles et les (petites) matantes, qui sont habituellement d’âge moyen, dont la vie est rangée, les actions tatillonnes et qu’on juge insignifiants.

Espèce menacée, le mangeux de balustre, ainsi appelé parce qu’il s’agenouille fréquemment devant la balustrade qui entoure le chœur d’une église, est un être pieux, dévot, voire même bigot.

Le baise-la-piasse, soit celui qui embrasse le dollar, est aussi radin et avare que le Séraphin dont nous avons déjà parlé dans un autre article.

L’ostineux, déformation du mot « obstiné », est parfois appelé contraireux. Quel que soit le nom qu’on lui donne, il s’agit d’un être désagréable et opiniâtre qui contredit tout ce que dit son interlocuteur par principe, par habitude et par besoin.

Le critiqueux, aussi appelé chiâleux, n’est guère plus charmant. En effet, quoi que vous fassiez, cet éternel insatisfait trouvera toujours à redire et à se plaindre.

La moumoune est un individu douillet, attaché à son confort, pusillanime et craintif de nature. Il peut également s’agir d’un homme efféminé, qu’il soit ou non homosexuel. Bref, la moumoune est une lavette, une lopette.

Le pissou quant à lui se contente d’être peureux.

Le licheux, dont le nom provient du verbe licher qui est lui-même une déformation de « lécher », vit bien souvent aux dépends de celui qui l’écoute. C’est, vous l’aurez compris, cet être servile et hypocrite qui pratique la flagornerie sans honte ni scrupule, le fayot dégoulinant d’obséquiosité.

Le pelleteux de nuages est un rêveur, un idéaliste dépourvu de sens pratique.

Le foireux est le fêtard par excellence.

Le patenteux est un bricoleur ingénieux etinventif qui se débrouille avec les moyens du bord.

 

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